Non, ça ne va pas parler de technique aujourd’hui.
Inégalités femmes/hommes
On fait trop souvent peser sur les femmes le poids de la contraception, ajoutant ainsi à leur charge mentale déjà bien lourde. Non seulement, elle s’en chargent le plus souvent, mais en plus ça n’est pas sans risque pour leur santé.
Les méthodes de contraception masculine sont très en retard.
Détail « amusant » : la recherche sur une pilule (ou injection, je sais plus) d’hormones pour les hommes avait été interrompue parce que ça avait des effets secondaires comme la prise de poids, des maux de têtes… tiens, c’est marrant, pile les effets secondaires de la pilule pour les femmes. C’est que nous, les hommes, sommes des petites choses fragiles (ne parlons pas de la peur de la perte de « virilité », y en a qui s’évanouiraient).
Je n’ai parlé que de la pilule, mais l’implant et le stérilet ne sont pas sans effets secondaires non plus… Regardez la rubriques « Quels sont ses inconvénients » de cette page pour l’implant et de cette page pour le stérilet (qu’il soit au cuivre ou hormonal).
Quand on regarde le tableau comparatif des méthodes contraceptives sur le site https://www.choisirsacontraception.fr (site édité par Santé publique France), on voit… une seule méthode de contraception à la charge exclusive des hommes (exclusive : seul l’homme peut y avoir recours, tout comme seule la femme peut prendre la pilule ou utiliser un stérilet), deux méthodes (dont une non-exclusive à l’homme) si on ajoute le préservatif masculin (je ne compte pas le préservatif féminin, je vois mal un homme se trimballer avec ça, déjà qu’on a du mal à en trouver).
Il existe pourtant déjà des méthodes de contraception pour les hommes !
Il existe depuis 30 ans un slip qui remonte les testicules près du corps, augmentant ainsi leur température, ce qui bloque la spermatogenèse. On peut obtenir le même résultat avec un anneau en silicone appelé andro-switch (vous pouvez voir l’avis d’un utilisateur de cet anneau en suivant le tag #androswitch sur Mastodon).
Et puis, il y a la solution radicale : la vasectomie. Cette opération consiste à couper ou bloquer les canaux déférents amenant les spermatozoides. Rassurez-vous, les petites natures qui passeraient par ici, il ne s’agit pas de couper les testicules, non, juste de bloquer la sortie.
Mon expérience
J’ai choisi voici près de deux ans (au deuxième semestre 2018) de me faire vasectomiser. J’étais alors célibataire… je l’étais toujours lorsque j’ai commencé à écrire ce billet en septembre 2019 (oui, je l’ai un peu beaucoup laissé traîner 😅) mais j’ai depuis eu deux relations à long terme.
Je ne vais pas laisser planer de suspense quant à la réaction de mes partenaires : j’en ai retiré deux énormes « MERCI ! ».
Parce que ça leur enlève un poids des épaules, parce que ça leur évite d’avoir à subir les effets secondaires… bref, pile deux des raisons qui m’ont fait choisir la vasectomie (les autres étant que je ne veux plus d’enfants et que je n’ai pas envie d’utiliser une méthode qui présente le moindre risque d’inefficacité si j’oublie de l’utiliser, je me connais, ça aurait été très risqué).
Mon parcours pour la vasectomie a été long, mais pas compliqué :
- visite chez le médecin traitant
- visite au CHU chez un urologue, où on m’a bien tout expliqué (même si je m’étais déjà bien renseigné sur le net) : l’aspect définitif de la chose, le geste effectué, etc
- 4 mois d’attente (histoire d’être sûr que je veux y passer)
- encore une visite au CHU chez l’urologue pour dire que je veux vraiment le faire (signature d’un accord écrit), prise de rendez-vous pour l’intervention
- un petit tour au CECOS histoire d’y conserver mes gamètes au cas où (la conservation des gamètes est payante, le prix dépend de votre CECOS et le remboursement dépend de votre mutuelle)
- un spermogramme (pour voir quel est le niveau normal d’activité de mes spermatozoïdes, leur nombre…)
- intervention en ambulatoire : j’arrive le matin, je repars le soir (attention, quelqu’un doit venir vous chercher et il ne faut pas dormir seul chez soi, il faut avoir quelqu’un au cas où). Même si on a donné son accord écrit, on reste libre de dire stop à tout moment 🙂
- un autre spermogramme 3 mois après pour voir si ça a bien fonctionné
L’intervention ne m’a laissé que deux toutes petites cicatrices, une sur chaque testicule et la gène de la cicatrisation n’a pas duré bien longtemps.
Au niveau libido : aucun changement. Au niveau éjaculation : aucun changement visible (le volume des spermatozoïdes dans le sperme est de l’ordre de 3 à 5% d’après mes souvenirs). Il n’y a aucun effet secondaire 🙂
Notez que les risques liés à la vasectomie sont toutefois les mêmes que pour toute intervention chirurgicale : infection, saignements, etc.
Conclusion
Je ne regrette pas un seul instant ma décision.
C’est rapide (l’intervention, pas tout le processus, hein !), relativement indolore (j’ai déjà eu des croûtes aux genoux qui m’ont plus dérangées que la cicatrisation de la vasectomie), gratuit (l’intervention ne coûte quasiment rien, 65€, et c’est pris en charge par la sécurité sociale), j’ai une sauvegarde (mes gamètes conservés au CECOS, je pense que je les abandonnerais d’ici quelques années) et surtout, surtout : les remerciements de mes partenaires ! 🤗
Crédit : Photo par Annie Spratt sur Unsplash