Lettre ouverte aux ayant-droits et tout acteur de la chaîne de produc­tion de dvd

Mesdames, Messieurs,

Depuis des années, on nous répète que le télé­char­ge­ment fait du mal à l’in­dus­trie de la culture, malgré des études dont les conclu­sions assurent que les plus gros télé­char­geurs sont aussi les plus gros ache­teurs (voir ici et ).

Je ne souhaite pas entrer dans ce débat, mais atti­rer votre atten­tion sur un fait : si on peut récu­pé­rer quasi­ment n’im­porte quel contenu audio­vi­suel gratui­te­ment sur le net, pour conti­nuer à vendre des dvd (ou bluray, ou cd), il vous faut y inclure de la plus-value ! Garan­tir à l’ache­teur une expé­rience de qualité supé­rieure à celle qu’il aurait eu avec son divx.

Hors, que faites-vous ? Vous pouris­sez l’ex­pé­rience de l’uti­li­sa­teur ! Tout ce qu’il aura de mieux, c’est une boîte qu’il lui faudra ranger sur une étagère (et avec une grosse collec­tion, il faut de la place !).

Exemples :

  • Un gros spoi­ler dans les pubs impos­sibles à passer pour la série Dexter (voir chez korben, ou voir l’article origi­nal)
  • J’ai acheté l’in­té­gra­lité de la série Dr Who à la F**c : une minute de jingles de France TV, BBC, 2|enter­tain, un rappel sur le pira­tage qui est illé­gal, et des embrouilles avec la langue et les sous-titres.
    1. Je me fous de qui a produit le dvd, qui a diffusé la série en France, et le géné­rique de la série se char­gera très bien de me dire qui a produit la série.
    2. Le pira­tage est illé­gal : j’ai acheté ce foutu dvd, je vois pas pourquoi vous me le rappe­lez. Si je suis un pirate, je me torche avec votre aver­tis­se­ment, alors bon, hein.
    3. Passer par les menus pour chan­ger la langue me fait perdre du temps et je n’aime pas perdre du temps pour regar­der Dr Who. C’est pour ça que je lance mes dvd direc­te­ment et que je change de langue avec les boutons audio et subtitles de ma télé­com­mande. C’est fait pour ça non ? Et bien non, sur les deux premières saisons, je ne peux pas chan­ger de langue autre­ment que par le menu du dvd. « Opéra­tion inter­dite » que ça dit.
    4. Encore les deux premières saisons : audio en français et anglais (tout va bien) mais sous-titres français unique­ment ! Et impos­si­bi­lité de regar­der en VO non sous-titrée (ce n’est pas proposé dans le menu du dvd, cf 3).
    5. Les traduc­tions françai­ses… Disons que les gens qui sous-titrent pour le plai­sir (fansub) font plus de fautes d’or­tho­graphe en faisant la traduc­tion dans la nuit qui suit la diffu­sion, mais ils font moins de fautes de sens. Faites en sorte que vos traduc­teurs de sous-titres regardent les films qu’ils traduisent au lieu de traduire un script, ça serait un mini­mum (ou s’ils le font déjà, rempla­cez-les).
  • J’ai acheté le combo dvd/bluray/bluray 3d d’X-men le commen­ce­ment. 3 dvd dans une boîte, c’est possible, j’en ai déjà plusieurs comme ça ! Hé ben non, le dvd tout court est dans une pochette papier/plas­tique digne des cd cadeaux des maga­zines d’in­for­ma­tique.
  • Quand j’ai le droit à une copie digi­tale du film que j’ai acheté, il me faut Windows ou Mac pour la récu­pé­rer. Pas de bol, je suis sous GNU/Linux. Je fais quoi ?
  • Je passe sur le fait que je puisse pas regar­der de dvd bluray sur mon ordi­na­teur, puisque je suis sous GNU/Linux.

Tout ça pour dire que la plus-value de l’achat physique est très réduite, voire même se dégrade au fur et à mesure.

Si vous vendiez vos films en mkv haute défi­ni­tion (avec enco­dage stan­dard) sur un support comme une clé USB, éven­tuel­le­ment custo­mi­sée (une clé en couteau pour Dexter, en tardis pour le Dr Who, un marteau pour Thor, que sais-je), offrant un confort de lecture immé­diate ainsi qu’une trans­por­ta­bi­lité accrue (je veux bien prendre une clé usb en vacances mais pas mes coffrets DVD, voire simple­ment reco­pier les fichiers sur ma tablette/télé­phone/ordi­na­teur portable), ne pensez-vous pas que votre marché et vos clients s’en porte­raient mieux ? L’ar­gu­ment du pira­tage plus aisé ne peut tenir , les diffé­rentes protec­tions déjà utili­sées n’ayant pas tenu long­temps face aux codeurs, crackers, gamins de 16 ans (Jon Lech Johan­sen avait 16 ans lorsque DeCSS a été publié)…

J’aime avoir mes films préfé­rés dans un joli packa­ging et je paye pour ça, mais c’est de plus en plus pénible aujourd’­hui, les décep­tions s’ac­cu­mulent, alors s’il-vous-plaît : compre­nez-nous, respec­tez-nous et évoluez.

Voici qui résume bien mon point de vue